Portrait de Ramona, Traileuse Végane & Ironwoman

Temps de lecture : 9 minutes
Ecrit avec amour par : Jérémie

Découvrez l'interview de Ramona traileuse végane, passionnée par la nature et les yaourts BIO. Et la toute première ambassadrice des Bio Frères !

ramona

Je suis tout chose de vous présenter cet article. Il est très particulier parce qu’il introduit deux projets dont nous allons vous parler dans les mois à venir.

Le premier projet est une série d’interviews de personnes ayant opté pour un régime alimentaire végane ou végétarien que nous allons appeler : “Portraits de carencés”.

Le second est une volonté de sponsoriser et de mettre en avant des sportifs et des sportives de la communauté.

Nous aimons particulièrement les gens qui se dépassent. Les gens qui font des choses hors du commun et qui partagent notre passion pour la nature et les grands espaces.

Ramona, Traileuse Végane et Lyonnaise d’adoption s’est prêtée au jeu de l’interview et surtout nous fait l’honneur d’être la toute première ambassadrice des Bio Frères !

J’ai donc eu le plaisir de la retrouver autour d’un Buddha bowl de chez My Petite Factory quelques jours avant un grand Trail pour parler véganisme, marathon, trail et surtout, parler de Ramona !


Jérémie :
Est-ce que tu peux juste te présenter en 2 ou 3 petites phrases ?

Ramona :
Je m’appelle Ramona, j’ai 28 ans. Je suis vendeuse de métier chez Decathlon. Un grand métier-passion que j’exerce depuis 1 an. Et c’est la raison de ma venue sur Lyon.

A la base je suis venue pour le travail à Lyon parce que je voulais être à proximité de la montagne pour pouvoir accéder aux plus grands trails et ceux de la région sont considérés comme les plus grands d’Europe.

Sinon qu’est-ce que je fais d’autre dans la vie ? Du sport. Du sport et du sport. Je ne fais que ça.

Je travaille, je fais du sport et à part ça je n’ai pas le temps de faire grand chose d’autre !

Le travail me prend entre 35 et 40 heures par semaine et le sport entre 20 et 25 heures.

Jérémie :
Du coup c’est quoi le quotidien d’un traileuse ?

Ramona :
C’est se lever très tôt le matin parfois même un peu trop tôt surtout en grosse période de chaleur comme en ce moment.

C’est des réveils à 4h du matin pour aller s’entraîner. Une journée type ? Je vais au travail. A midi quand j’ai une petite pause, je vais courir. Je retourne au travail et le soir quand je rentre en général je suis un peu fatiguée donc j’évite les entraînements. Sinon c’est 4 à 5 entraînements par semaine… en plus du vélo.

Parce qu’il y a ça aussi. Il n’y a pas que la course à pieds il y a aussi la natation et le vélo.

Jérémie :
Ah oui quand même ! Tu vises le Triathlon ou ce genre de choses ?

Ramona :
J’en fais déjà.

Jérémie :
C’est top ! Ca fait combien de temps que tu cours ?

Ramona :
Depuis 2013. Ca a commencé après une prise de conscience, j’ai pris beaucoup de poids pendant une relation amoureuse et je ne pouvais plus continuer comme ça. Je me suis dit : “pourquoi ne pas courir ?”.
J’ai commencé à courir 2km, 3km, 5km, jusqu’à m’inscrire sur ma première course officielle en 2015 et là j’ai eu le déclic. Je suis devenue accro. Accro au dossard.

Dans la même année je me suis inscrite à beaucoup d’autre courses et j’ai commencé à me mettre des défis comme un semi-marathon… pour moi c’était déjà énorme !

Je n’avais jamais pensé au marathon, c’était beaucoup trop gros, 42km quand même ! Au final en 2017 je me suis inscrite à mon premier marathon.
Je l’ai fini sans entraînement. A ce moment-là je ne m’entraînais pas beaucoup mais je me suis dit “Allez, un marathon ce serait pas mal”…

Et après tout c’est enchaîné. Entraînement de triathlon, mon premier trail, ça allait tellement vite qu’aujourd’hui quand je regarde en arrière c’est beaucoup, c’est vraiment beaucoup.

Jérémie :
Pour les gens qui nous lisent, et surtout pour les “profanes” est-ce que tu peux faire la différence entre trail et marathon ?

Ramona :
Le marathon, c’est uniquement une distance, c’est une distance de 42,195km et c’est sur route. Donc il y a pas forcément de grand dénivelé et c’est du bitume.

Le trail ça dépasse tout. C’est de la course en pleine nature avec souvent beaucoup de dénivelé.

Il faut accepter de marcher pendant un trail. Surtout pendant les grand trail, on ne peut pas courir pendant 70 à 80 km à la suite. Ca n’est pas possible. Donc il y a des moments de relance, il y a des moments de marche et des moments de pause. C’est surtout ça en fait : des terrains instables, de la nature et des dénivelés.

C’est ça la différence.

Jérémie :
Tout ce que tu aimes !

Ramona :
C’est ça, parce que la nature fait partie de qui je suis.

Jérémie :
Et en tant que traileuse, tu te rajoutes la “contrainte” du véganisme comment tu le vis physiquement ?

Ramona :
Et bien plutôt bien ! J’ai commencé par le végétarisme en 2014. Pareil, une prise de conscience. J’ai arrêté la viande au fur et à mesure en me demandant : pourquoi ?

C’est venu naturellement. Après je me suis renseignée. Pourquoi on arrête ? Pourquoi on n’aime plus la viande ?

Et je suis tombée sur le mode de vie végétarien que je ne connaissais pas du tout. J’avais des amis qui l’étaient déjà et qui m’ont un petit peu accompagnée. J’avais très peur de le devenir.

Je disais que c’était renoncer à tous mes petits plaisirs quotidiens et c’était une vraie peur au début.

Jusqu’au jour où j’ai regardé une vidéo qui m’a fait un électrochoc. Je ne sais plus de quelle vidéo il s’agit mais ça m’a choquée. D’un jour à l’autre je suis devenue végétarienne. Et le véganisme est venu naturellement après, au fur et à mesure.

J’ai commencé par arrêter le lait après les oeufs je crois. Je ne sais plus l’ordre exact. C’est venu naturellement, c’était une continuité.

Jérémie :
Donc tu ne t’es pas dit “tiens j’arrête tout, je me mets au véganisme” ?

Ramona :
Non pas du tout. Avec le végétarisme j’avais déjà arrêté le lait. Et le véganisme est venu au fur et à mesure parce qu’il fallait que je vende tous mes vêtements. Il fallait que je renouvelle toute ma cosmétique. J’ai quasiment tout offert. Je n’ai pas jeté, j’ai offert.

Bon il y a bien des trucs que j’ai jetés parce que c’était en fin de vie et que je ne voyais pas l’intérêt de les offrir mais c’était surtout ça le plus dur, de devoir chambouler tout mon quotidien pour re-vivre derrière.

Jérémie :
Tu l’as vécu un peu comme une renaissance ?

Ramona :
Totalement ! C’était une renaissance totale que je ne regrette pas aujourd’hui. Au contraire. Je veux être végane jusqu’à la fin de ma vie.

Jérémie :
Et comment tes proches ont pris la chose ? Tu as eu des levers de boucliers ? Ca s’est passé zen ?

Ramona :
Alors non, c’était très compliqué, j’ai perdu beaucoup d’amis à cause de ça. J’ai perdu énormément de proches.

Au début, c’était très compliqué pour ma mère. Elle l’a très mal pris parce que c’est une grande cuisinière. Et logiquement, pour elle qui est beaucoup “gastronomie française traditionnelle”, sans viande ce n’était pas possible.

Donc au début elle me disait “mais non tu vas avoir des carences”…
Pareil pour mon beau-père. Lui qui était un grand sportif, il m’a dit “tu n’y arriveras jamais”, “D’ici 2-3ans tu vas mourir de carence”, “tu vas mourir de sur-effort”…

Et au final aujourd’hui ça fait 5 ans que je suis végane et je suis toujours vivante !

Jérémie :
Et est-ce que tu te sens fatiguée, dépressive…

Ramona :
Alors, je ne vais pas lier ma fatigue ou dépression au véganisme parce que j’ai eu beaucoup de soucis quand j’étais jeune. Que ce soit de santé ou même de santé mentale. Mais ça n’est pas lié au véganisme. Au contraire.

J’ai pu me soigner grâce au véganisme pour perdre du poids et pour purifier mon corps et éliminer de mon organisme tout ce qui est graisse animale et détritus. J’appelle ça comme ça parce que pour moi, manger les merdes industrielles, ça n’est pas de la nourriture.

Jérémie :
Alors question pratique, qu’est-ce qu’il y a tout le temps dans ton frigo ?

Ramona :
De l’eau, des fruits et des légumes… Après il y a des trucs un peu plus bizarres mais bon…

Jérémie :
Dis-nous tout, on veut savoir !

Ramona :
Bah c’est des cosmétiques que je dois garder au frais sinon ça périme malheureusement. Comme ce sont des ingrédients frais et crus, je suis obligée de les garder au frigo.

Sinon qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Bah tout ce qui est yaourt végétal, je suis une grande accro à ça. C’est trop trop bon.

Jérémie :
Tu as une marque de prédilection ?

Ramona :
Alpro ! J’aime trop ce qu’ils font. Leurs grands yaourts c’est juste une tuerie. J’en mange un en entier à moi toute seule ! Pourtant c’est du 500g ! Mais ça fait ma dose de protéines par jour en fait. Il y en a énormément dans ces petits produits.

Et à part ça il y a du lait végétal.

Après quand je suis en grosse période de course mon frigo est blindé de galettes et autres produits du genre pour les véganes.

Jérémie :
C’est quoi le repas que tu te fais quand tu as un petit coup de blues et qui te réconforte ?

Ramona :
(rires) de la pizza !

Jérémie :
Ah oui ? Moi je n’ai pas encore trouvé la bonne formule pour le “fromage” à pizza végane !

Ramona :
Faut trouver mais ça se fait ! Et les spaghettis bolognaise aussi ! que des trucs bien “fat” en fait !

Jérémie :
Et mis à part tous ces aliments, est-ce que tu te complémentes ? Est-ce que tu prends des vitamines ?

Ramona :
En période de préparation intense, oui. Parce que je demande énormément à mon corps. Les efforts que je fais, je les qualifie d’efforts surhumains.

Quand on est mise au monde, on n’est pas préparée à courir 70-100-150-180km. Notre corps n’est pas fait pour ça normalement.

Du coup en grande période de préparation je prends du magnésium. En tant que filles, on est obligées de pousser un petit peu la barre.
Je prends du calcium aussi.
Et du fer parce que j’ai des carences depuis je suis toute petite. Ca n’est pas lié au véganisme. J’ai toujours été suplémentée en fer pour réduire la fatigue et faire des réserves énergétiques.

Jérémie :
Je vois ! En parlant d’énergie, revenons au marathon et au trail. Est-ce que tu peux nous dire ce que tu ressens au moment où tu es sur la ligne de départ ? Qu’est-ce qui te passe par la tête ?

Ramona :
Souvent je me dis : “Qu’est-ce que je fous là ?”. Sincèrement, sur des gros défis je me demande “Mais qu’est-ce que je fais là en fait !!? “

Et là, je me remémore tout ce que j’ai vécu depuis le début, depuis des années. Tout ce que j’ai dû endurer pour en arriver là. Tous les entraînements toutes les blessures que j’ai dû guérir et je me dis “Tu y es maintenant. Tu y es, tu as le dossard, et il faut y aller”.

J’ai souvent une boule au ventre. Donc j’ai mon petit rituel : sur la ligne de départ, environ 2 à 3 minutes avant le coup de feu, je ferme les yeux, j’espère très très fort et je me repasse toutes ces images dans la tête.

Puis ensuite j’y vais.

Jérémie :
Et à l’inverse, quand tu passes la ligne d’arrivée, qu’est-ce qui te trotte dans la tête ?

Ramona :
Je pleure. Je pleure très souvent. Après ça dépend des courses. Sur des petites courses, non.

Ca n’est pas qu’il y a moins d’émotions, c’est juste qu’il y a moins de préparations.

C’est juste ça mais c’est souvent aussi un soulagement. C’est quand même un effort que ce soit sur un trail de 8 km ou de 40 km, on demande quand même un effort à notre corps.

En général sur les petits trails je fais de la performance. C’est à dire que je cherche le podium, toujours.

Et sur les longs trails je cherche juste de l’endurance et du dépassement de soi, c’est ça la différence.

Jérémie :
Jusqu’à présent, quel est le plus long trail que tu aies couru ?

Ramona :
54 km, pour le moment.

Là pour samedi c’est pas la distance qui me fait peur, c’est le dénivelé.

Jérémie :
Tu te prépares pour quoi samedi ?

Ramona :
Un 70 km avec 5400m de dénivelé positif. Voilà. Ca ne va pas parler à grand monde mais si on recherche un peu sur internet, c’est énorme.

Jérémie :
Autour de Val d’Isère c’est ça ?

Ramona :
C’est à Val d’Isère. On passe sur la Grande-Motte, sur les glaciers… Ca va être magnifique.

Jérémie :
Ce doit être une motivation supplémentaire quand tu as de superbes paysages ?

Ramona :
Oui, surtout que quand je suis venue sur Lyon c’était vraiment pour ça. C’était pour courir en montagne parce que c’est une grande passion pour moi la nature et la montagne. Et je sais qu’une fois que je vais être là-haut, je vais pleurer. Je le sais. Je suis très émotive.

Et en fait, c’est une fois là-haut que je vais me dire “Je suis à ma place”. C’est ça que j’ai toujours voulu faire ça que je veux faire et je veux le faire jusqu’à la fin jusqu’à la fin de ma vie.

Jérémie :
Tu as une petite larme à l’oeil quand tu dis ça.

Ramona :
Oui parce que je sais d’où je suis partie. Je sais toutes les concessions que j’ai dû faire pour ça. Et c’est pareil, il n’y a pas beaucoup de gens qui le feraient je pense.

Après, on a chacun notre histoire. Je n’ai pas envie de mettre mon histoire en avant mais je sais ce que j’ai vécu. Et j’en suis extrêmement fière aujourd’hui. Je souhaite vraiment un bonheur comme ça à tout le monde. Même au-delà du sport. J’ai vraiment envie que les gens se surpassent, au niveau professionnel, émotionnel et/ou sportif.

C’est ce que je fais aujourd’hui, ce sont mes trois piliers.

Jérémie :
Nickel ! Un petit mot de la fin ?

Ramona :
Etre fidèle à soi-même surtout, ne pas écouter les autres. Ne pas se faire influencer. J’ai énormément vécu ça.

Beaucoup de gens m’ont dit “attention au véganisme parce que tu vas avoir des carences”, “tu vas tomber malade”, “tu vas perdre tes dents, tes cheveux”, “tu seras infertile plus tard”. Ca fait depuis 5 ans quand même que je le suis et je n’ai jamais été en aussi bonne santé.

Et pour finir, vivre ses rêves, tout simplement. Voilà.

Jérémie :
C’est beau !

Ramona :
J’ai envie de pleurer !

Jérémie :
(rires) Merci beaucoup !

Retrouvez Ramona sur son instagram : https://www.instagram.com/running.ramona

Illustration : https://rosaliedelabre.com/

Cet article a été écrit avec amour par :

Jérémie

Gisserot

Directeur artistique, spécialiste webmarketing et photographe indépendant depuis 14 ans. Il s’occupe de l’image de la marque et du développement du site internet. Il gère avec passion les réseaux sociaux et la rédaction des articles de blog sur le végétarisme et véganisme.